Bisons d’Europe: entre carnet rose et perspectives plus brumeuses – rencontre avec des passionnés

La cellule d’élevage de bisons d’Europe, gérée par l’Association des bisons d’Europe de la forêt de Suchy, a récemment enregistré deux naissances inattendues. Une petite femelle a vu le jour le 29 mai, suivie d’un mâle le 1ᵉʳ juin. L’annonce de cette double naissance est l’occasion d’une rencontre avec Alain Maibach, biologiste en chef de la cellule, et Kevin Mercier, gardien d’animaux. Tous deux ont accepté de répondre à quelques questions sur le fonctionnement de l’association (ABEFS) et reviennent sur le cadre historique de cette expérience inédite en Suisse. Entre naissances inattendues et défis à surmonter, éclairage sur un travail discret mais essentiel.

En quoi consistent vos rôles respectifs au sein de l’association ? Pouvez-vous clarifier le fonctionnement de cette cellule de conservation des bisons d’Europe ?

A. Maibach : « Kevin Mercier est le gardien d’animaux. Il est chargé d’assurer le suivi quotidien des bisons. Ils veillent à leur bien-être, à leur bonne alimentation et surveille leur état de santé. Il intervient également pour gérer les interactions avec le milieu naturel et la sécurité des animaux. Quant à moi, je suis le biologiste ou ce qu’on appelle le référent scientifique, bien que ce soit un peu pompeux. En parallèle, il existe un comité regroupant plusieurs membres clés et coordonnant la gestion de l’association. Morgane Rey, une vétérinaire tout à fait essentielle à notre activité, y est rattachée. Son aide est centrale dans la lutte contre les nombreuses maladies bovines ainsi que quant aux difficultés auquel la cellule doit faire face. L’association dépend aussi de plusieurs sponsors, dont une régie immobilière qui participe de manière significative au fonctionnement de la cellule. Le renouvellement de l’appel d’offre est cela dit à prévoir. Nous allons devoir nous montrer particulièrement convaincants pour obtenir les financements nécessaires. »

Pouvez-vous revenir sur l’historique du bison d’Europe et expliquer pourquoi sa conservation et votre association est aujourd’hui nécessaire ?

A. Maibach : « Le bison d’Europe est une espèce qui fait partie du catalogue de l’union internationale pour la conservation de la nature. Notre association est répondante du groupe de protection des bisons européens qui en découle. Nous sommes également rattachés à un deuxième groupe états-unien. Quoi qu’on en dise, le bison américain est également menacé au vu de son contenu génétique faible. Néanmoins, en Europe, c’est pire que tout. La plupart des bisons étaient dans des énormes propriétés royales ou princières dans l’ex-empire austro-hongrois avant la première guerre mondiale. Une autre partie était en Russie. Ces animaux étaient là pour la chasse uniquement. Une ou deux fois par année, on s’invitait entre personnes de bonne compagnie pour aller les chasser. Ce système a perduré assez longtemps.

Puis, est arrivée la Première guerre mondiale. À ce moment-là, les gens avaient très faim. Les bisons ont donc été beaucoup tués également de cette manière. Ils faisaient d’une pierre deux coups en se nourrissant et en faisant affront à la royauté. Finalement, un groupe de scientifiques s’est aperçu qu’il n’existait plus de bisons d’Europe en liberté. C’est ainsi qu’ils décidèrent de contacter tous les zoos et les cirques possibles pour en rassembler le maximum à Berlin. Parmi ces bisons, seulement 12 d’entre eux ont pu se reproduire. Les autres étaient si mal en point, à cause de la sédation notamment, que cela leur était impossible. L’activité de la cellule est donc cruciale pour la prospérité de l’espèce et son enrichissement génétique. Tout est dès lors très règlementé. Chaque individu possède un numéro puis est classifié de manière rigoureuse, de sorte à connaître précisément les arbres généalogiques et établir des statistiques quant à la fertilité ou à d’autres paramètres en lien avec la génétique comme l’équilibre entre les naissances de mâles et de femelles. »

Pourquoi avoir choisi Suchy afin d’y placer ces bisons ? Est-ce que la forêt ici présente des avantages particuliers ?

A. Maibach : « L’idée de départ vient de Michel Mercier, le gardien forestier honoraire. Un jour dont je me souviens très bien, il m’a proposé d’amener des bisons d’Europe en forêt de Suchy. Il était responsable de la gestion de ces espaces. La forêt présente en effet l’avantage d’être peu morcelée à la fois d’un point de vue spatial et en termes de propriétés. Généralement, pour 800 hectares, il y a au moins 200 voire 300 propriétaires différents. Cela rend un projet tel qu’une cellule de conservation très difficile. Retrouver tous les détenteurs de ces terres et faire passer une convention, c’est mission impossible. Par ailleurs, même dans ce cadre avantageux, ce n’était pas une mince affaire que de trouver un accord commun. La cellule a suscité beaucoup d’opposition. Des exemples de clôture que l’on avait posés se sont même fait détruire à l’époque. Ça nous a pris 12 ans pour finaliser le projet. Cela dit, on observe une tendance des opposants à changer d’avis progressivement. Les gens sont désormais plutôt contents du résultat. On est aussi très reconnaissants des municipaux qui faisaient partie du comité et qui ont tiré le projet vers l’avant. Sans eux, je pense qu’on aurait pu l’oublier. »

Comment avez-vous vécu ces deux naissances récentes presque inattendues ? Comment se portent les deux petits ?

K. Mercier : « L’une d’entre elles était complétement inattendue. En ce qui concerne la deuxième naissance, on était mitigés, mais on avait repéré des signes précurseurs d’une grossesse. Il ne faut cela dit ne pas oublier que ce sont des animaux sauvages qui cachent énormément leur gestation. Ça s’apparente à un moyen de survie pour eux, un instinct naturel. Sultane, l’une des mères, s’est du jour au lendemain isolée du troupeau. On pensait que quelque chose n’allait pas. Lorsqu’on est venu l’examiner le lendemain, la petite était là. C’était une belle surprise. En ce qui concerne la santé des petits, les mises bas semblent s’être déroulées sans encombre particulière. On n’y assiste généralement pas, car c’est très souvent la nuit que ça se passe. Maintenant, il ne faut pas oublier que la nature est imprévisible. Le taux de mortalité chez les bébés bisons, surtout les mâles, est relativement élevé. Selon moi, il faut attendre au moins les 3 à 4 mois pour que les doutes s’estompent vraiment. »

A. Maibach : « C’est un sujet revenant constamment dans nos discussions : comment on communique ? Pour cette double naissance, nous avons attendu un certain temps avant l’annonce officielle. Les gens ont du mal à s’imaginer que des petits animaux puissent mourir. En Occident, la majorité des personnes ne vivent plus du tout en cohérence avec la nature. On oublie comment elle fonctionne réellement. »

Comment expliquer les nombreuses maladies bovines auxquelles la cellule doit faire face ?

A. Maibach : « Ces maladies sont d’origine naturelle. D’ailleurs, elles sont tout à fait connues. Lorsqu’un paysan me contacte, car ils suspectent une pathologie chez son animal, il suffit de faire un diagnostic et d’administrer un antibiotique par exemple. Il est également notoire de dire qu’entre un paysan et la cellule de conservation, les logiques sont très différentes. Le paysan se situe dans un calcul en faveur de ses profits. Si la prise en charge d’une bête malade est trop couteuse et pas rentable, on préfère l’euthanasier. Nous ne sommes pas dans cette même logique productive. »

K. Mercier : « En plus, approcher les bêtes pour les soigner est une tout autre histoire. Imaginons que l’on doive appliquer une pommade dans les yeux d’un bison, c’est complétement différent que de le faire avec une vache. D’ailleurs, je me suis fait charger l’autre jour par un des bisons. Heureusement pour moi, je cours assez vite et je n’ai pas été blessé. Ça reste dangereux. Malgré tout, on est extrêmement chanceux d’avoir à nos côtés notre vétérinaire. En plus de son aide précieuse pour la lutte contre ces maladies bovines, elle ne facture presque aucune intervention. En tant que gardien des animaux, je suis le seul à être réellement payé. Cette cellule est l’œuvre de beaucoup de passionnés. »

A. Maibach : « D’ailleurs, je n’ose pas imaginer les heures non payées que Kevin cumule. Il faut quand même dire que lui aussi fait beaucoup de bénévolat ! »

À quels types de difficultés la cellule doit-elle encore faire face ?

A. Maibach : « Il est vrai que les maladies bovines se présentent comme des défis importants. Mais avant tout, il ne faut pas occulter les difficultés financières concernant l’association et la cellule de conservation. N’oublions pas que l’on vit de nos dons. Malheureusement nous ne touchons rien de l’État pour le moment. Je ne suis pas responsable de cela, mais clairement c’est le nerf de la guerre. Pour l’instant, on a toujours réussi à récolter l’argent nécessaire pour les infrastructures de la cellule par exemple. Il faut espérer que cela puisse continuer. Ensuite, il est également question de consanguinité. En effet, nous n’avons qu’un mâle reproducteur au sein de notre troupeau de bisons. Il s’agira donc d’éviter que le père se reproduise avec sa fille, soit un des nouveaux petits bisons tout juste nés. L’idée serait en conséquence d’exporter. Nous avons pris contact avec l’organisme polonais de protection des bisons d’Europe. Mais nous nous trouvons un peu dans un silence coupable. On s’aperçoit en fait qu’il commence à y avoir trop de bisons et que l’on ne sait plus où les mettre. Par exemple dans nos parcs, ici même, la capacité de charge est déjà atteinte. On doit aussi s’assurer que la faune et la flore résident intactes. On prend plusieurs mesures à cet égard mais dernièrement on a observé une accumulation de sangliers se réfugiant au sein de la cellule, hors des lignes de tirs des chasseurs, occasionnant beaucoup de dégâts dans le parc. Il faut donc que l’on trouve des solutions par rapport à cette problématique aussi. »

Comment peut-on faire si nous voulons soutenir l’association ?

A. Maibach : « En plus, des membres qui paient une cotisation et des sponsors, il est également possible de faire librement des dons si l’on apprécie le projet. C’est très important pour la cellule et c’est comme cela qu’elle peut survivre comme je l’ai dit tout à l’heure. Par ailleurs, le choix des noms des nouveaux nés se fait également de cette manière. L’idée c’est que l’on donne le choix du prénom à la personne ou l’entité qui nous donne la location de naissance. Elle est de 1500 francs avec l’AVS. La commune de Suchy nous a par exemple sponsorisé pour notre bison « Suchy I ». L’union sportive yverdonnoise nous avait financé de la même manière et avait choisi le nom Susy. Il y avait aussi la Régie Braun pour notre Sultane. Finalement il y a plusieurs moyens de nous soutenir, mais vous pouvez simplement venir visiter les parcs. Si je suis présent, je me ferai un plaisir de vous expliquer tout ce qu’il y à savoir ! »

Abbaye 2025

Le temps des réjouissances revient. Trois ans après notre dernière Abbaye, le village retrouve les couleurs de la fête les 11, 12 et 13 juillet 2025 !

Les temps forts de cet évènement sont le tir et le couronnement des Rois le samedi, le banquet des familles le dimanche et le cortège du lundi dans les cinq quartiers du village – “schmolitz”  compris !

Pour plus de détails, voici le programme complet de ces journées: Programme de fête et inscriptions

Deux nouvelles recrues pour la Commune !

En mai dernier, nous avons eu le plaisir d’accueillir Dani Dernari et Selma Ibram au sein de notre équipe communale. Ces deux étudiants en communication prennent la relève, entre autres afin de vous concocter des articles, de mettre à jour le site Internet de la commune, mais également de couvrir les événements locaux de notre village ! Témoignages.

Je m’appelle Selma Ibram et j’ai 19 ans. J’ai débuté en septembre dernier ma première année de Bachelor en lettres et sciences humaines à l’Université de Neuchâtel, avec pour objectif initial des études en journalisme. J’ai toujours aimé écrire, raconter et apprendre de nouvelles choses : c’est ce qui m’a poussé à choisir cette voie-là dans un premier temps.

Cependant, ce cursus ne me convenant pas car n’y voyant plus trop de réel sens, je suis donc en train de me réorienter, afin de commencer mon APS (Année Propédeutique Santé) à l’école de La Source à Lausanne, à la rentrée prochaine. 

Ce poste m’a attiré, car premièrement en lien avec mon premier projet professionnel, ce qui aurait constitué un bon premier pas dans le domaine. Néanmoins, même si le projet de vue change,  ce job d’étudiant reste une expérience très enrichissante et une belle opportunité professionnelle concrète. Mes aspirations ont évolué, mais je reste motivée et intéressée, notamment dans l’écriture d’articles ou d’interviews, ainsi que dans la couverture d’événements locaux !

J’espère que mon implication au sein de la commune permettra de rassembler davantage les habitants, afin de créer une communauté soudée au sein du village !  

Je m’appelle Dani Dernari et je suis étudiant en communication et en sciences sociales et politiques à l’université de Neuchâtel. Ces domaines me passionnent particulièrement ! J’ai à cœur de comprendre le monde qui m’entoure, mais aussi et surtout de transmettre. C’est ce qui m’a naturellement amené vers le journalisme et la communication. Je suis également quelqu’un de curieux, qui aime apprendre dans tous les domaines, surtout quand j’ai l’occasion d’aller à la rencontre de personnes passionnées ou de spécialistes. Le sentiment de proximité et le lien social sont des éléments qui représentent un réel enrichissement pour moi et donne du sens à mon engagement. C’est notamment pour cela que ce poste à Suchy est pour moi une occasion unique de mettre mes compétences à l’œuvre de manière concrète dans un contexte local et chaleureux. Cette opportunité est aussi exceptionnelle en ce qui concerne la préparation de mon avenir professionnel en tant que journaliste. Je suis très reconnaissant de pouvoir vivre cette expérience inédite !

Je me réjouis donc de pouvoir apporter mon enthousiasme et mon énergie en participant activement à la vie de Suchy ! J’espère pouvoir rassembler les habitants avec ce projet et contribuer à une commune encore plus connectée et humaine.

Une nouvelle vie pour l’Auberge de Suchy : interviews croisées

Un changement à la tête de l’Auberge communale, c’est un changement de style, de personnalité mais toujours le goût des produits cuits à la minute et une attention à la qualité. Interviews croisées, réalisées par Dani Dernari et Selma Ibram. 

À peine arrivée, déjà bien intégrée ! La nouvelle tenancière Isabel donne un nouveau souffle à l’Auberge de Suchy en y apportant son énergie, sa bonne humeur ainsi que sa cuisine généreuse. Elle n’a qu’une idée en tête : faire de ce restaurant un lieu de convivialité et de partage.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour les habitantes et habitants de Suchy ?

J’ai passé la première moitié de ma vie en France, à Paris. Mais cela fait déjà 25 ans que j’ai emménagé en Suisse. La restauration a toujours fait partie de ma vie. Pour dire vrai, ce n’était même pas réellement prévu mais ça m’est apparu un peu comme une évidence au fil du temps. J’aime le contact avec la clientèle et je pense plus pouvoir m’en passer ! J’espère que les habitants des environs vont le ressentir. En tout cas, c’est un vrai plaisir pour moi d’avoir repris cette auberge.

Avez-vous une expérience dans la restauration ou l’hôtellerie ?

J’ai eu un bar-restaurant pendant 17 ans à Yverdon. Je l’ai ouvert en 1998. Il faisait aussi discothèque d’ailleurs ! Je dois dire que ces années passées à mon compte dans ce lieu font partie des plus belles années de ma vie. J’ai adoré la dynamique, le rythme parfois un peu effréné et le rapport avec les clients qui étaient fidèles et donnaient aussi beaucoup en retour. J’avais la sensation de beaucoup donner mais aussi de recevoir; c’est ce qui rend l’expérience vraiment vivante et l’ambiance super. Par la suite, j’ai repris un établissement à Puidoux. Mais cette fois-ci, c’était un restaurant avec bar et même un hôtel. C’était un gros complexe. Il s’appelait le Logis du Pont. Mon expérience était différente, car il y avait beaucoup de choses à gérer, mais j’ai quand même beaucoup apprécié et surtout ça m’a permis de me dépasser.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de reprendre cette auberge ici, dans la commune de Suchy ?

À vrai dire, tout cela s’est fait très rapidement et ce n’était pas prévu. Des acheteurs voulaient absolument reprendre mon établissement à Puidoux et l’ancien tenancier, Stéphane, voulait également vraiment remettre l’Auberge. Mais finalement, ça coïncidait bien avec ma situation. J’ai déménagé dans la région il y a de cela environ 1 an et je devais donc rouler 2 heures de route par jour pour faire l’aller-retour. Ça devenait ennuyeux, notamment car j’ai un fils qui n’a que 12 ans et il a encore besoin de moi. C’était en fait l’occasion parfaite d’adopter un train de vie plus agréable surtout dans un joli cadre comme celui de Suchy.

Quelle est votre vision de cette auberge ? Qu’aimeriez-vous en faire ?

Pour moi, lorsqu’on est restaurateur, on se doit d’aimer ce qu’on fait. Cela reste un métier avec un rythme rude et si l’on n’apprécie pas notre activité, il est dur, je pense, de créer un lieu vraiment agréable. Mon but est de rendre l’Auberge conviviale et surtout familiale. Mon fils travaille d’ailleurs avec moi – pas celui de 12 ans évidemment ! C’est assez représentatif de l’ambiance générale que j’ai envie d’instaurer ici. On est dans une petite commune : il faut se donner les moyens de satisfaire tout le monde et de faire vivre le village. Pouvoir offrir un lieu de partage, dans lequel on peut se rassembler autour d’une table et venir tel qu’on est, c’est le plus important selon moi.

 Qu’est-ce qu’on trouvera à la carte ou au menu ces prochaines semaines ?

Les menus de jour vont évidemment varier toutes les semaines. Tout le monde peut y trouver son compte. Ce sont des repas plutôt traditionnels, comme des filets de perches, du roastbeef, des entrecôtes ou des émincés par exemple. Pour ce qui est de la carte, on est content d’en proposer une avec beaucoup de choix. Je tenais notamment à y incorporer beaucoup de fruits de mer et également quelques spécialités portugaises. Le cuisinier est portugais et moi aussi d’ailleurs !

Par ailleurs, j’offre une petite viennoiserie et un mini jus d’orange avec le café pour le même prix. Les petits canapés ou autres snacks sont aussi au rendez-vous pour l’apéro. Encore une fois, ça rappelle les codes du Portugal ou de l’Espagne. C’est un peu ma marque de fabrique. Je l’ai toujours fait et pas seulement pour fidéliser les clients. Ça représente pour moi une manière d’apporter quelque chose de plus à mes clients, d’honorer les liens sociaux.

Travaillez-vous avec des produits locaux ou des producteurs de la région ?

Tout à fait ! Nous essayons de nous procurer des produits comme les légumes, les vins ou autres provenant de la région. On met aussi de la même façon un point d’honneur à ne travailler qu’avec des produits frais et les cuisiner le jour même. Les frites, les plats à la carte ou les menus du jour, rien n’est préparé à l’avance. On a eu la chance de pouvoir installer une chambre froide, ce qui était pour moi indispensable pour travailler dans les meilleures conditions possibles. Je suis très contente que la commune ait joué le jeu.

L’auberge sera-t-elle un lieu ouvert à d’autres activités : rencontres culturelles, soirées, etc. ?

Ça ne fait pas de doute ! J’ai d’ores et déjà pu discuter avec des membres de la jeunesse locale qui sont devenus de très bons clients: ils sont super sympas. Ils m’ont proposé d’ouvrir plus longtemps les weekends. Ce n’est pas dans le but de faire la fête mais simplement d’avoir un lieu dans lequel se retrouver après une semaine de travail et de d’y rester un peu plus longtemps. J’ai trouvé l’idée bonne ! Il ne me reste plus qu’à faire une demande à la commune.

Avez-vous eu des premiers échanges avec les habitants du coin ?

Tout le monde est extraordinairement gentil. L’atmosphère est très positive dans ce village. J’ai réalisé que je connaissais pas mal de monde ici déjà. Évidemment, Yverdon c’est tout près. Mes anciens clients sont presque désormais tous mariés et ont des enfants que je n’ai même pas vu naître mais qui sont plus grands que moi ! Mais vraiment Suchy est une commune exceptionnelle et ses habitants également. Je ne dis pas cela pour faire plaisir, je suis toujours très honnête. Mais l’accueil que j’ai reçu est mémorable. Tout le monde est venu se présenter. J’ai tout de suite compris que j’avais pris la bonne décision en reprenant cette Auberge.

Quelle a été votre plus grand défi jusqu’ici dans cette aventure ?

Je dois dire que l’urgence dans laquelle j’ai dû remettre mon établissement à Puidoux et reprendre l’auberge, c’était vraiment chaud! Un vrai défi qui dure toujours un peu : je croule sous les rendez-vous tout en devant m’activer dans le restaurant. La première semaine ici, je crois que si l’on dormait 3 ou 4 heures par nuit, c’était déjà trop. Mais on commence à prendre nos marques et comme je l’ai dit, j’ai zéro regret. Je suis très heureuse d’être ici. J’ai d’ailleurs eu la chance d’être très soutenue par mes clients de Puidoux qui ont rempli mon restaurant la semaine passée. Il y en a même encore aujourd’hui: je suis très reconnaissante.

Que souhaitez-vous dire aux habitantes et habitants de Suchy pour les inviter à venir ?

J’aimerais simplement dire que tout le monde est le bienvenu. La porte est grande ouverte que cela soit pour manger, boire un verre ou même venir redécouvrir l’endroit. Ici, c’est sans chichi; l’important est que tout le monde s’y sente bien.

Stéphane Richard, l’ancien propriétaire de l’Auberge, témoigne de son expérience, durant ces 7 dernières années passées à Suchy.

Comment avez-vous vécu cette transition rapide de la remise de votre établissement ? 

C’était vraiment précipité ! En réalité, je n’ai pas encore réalisé, car j’accompagne encore beaucoup la nouvelle tenancière. Elle a tout repris, y compris la caisse enregistreuse par exemple, qu’il fallait reconfigurer et dont je connais la programmation par coeur. Le système de réservation par le site internet de l’Auberge a dû être également refait. Je travaille donc sur pas mal d’aspects informatiques et techniques, afin de la soulager, pour qu’elle se concentre pleinement sur ses clients, et non sur de l’administration. Je m’occupe également de documents administratifs,  afin d’annoncer ma cessation d’activité professionnelle, mais également pour la caisse de pension ou autre: il y a pas mal à faire ! 

Avez-vous des projets futurs, après avoir tenu l’Auberge durant toutes ces années ? 

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais ma femme est malade. Elle a besoin de soins hospitaliers quatre heures par semaine et cela depuis deux ans. Au mois d’août 2016, j’ai dû réfléchir à si je renouvelais mon bail ou non, et comme je ne savais pas encore que ma femme était malade, je l’ai renouvelé jusqu’à fin 2025. En septembre dernier, on a donc découvert qu’elle a perdu ses deux reins en raison d’un cancer de la moelle osseuse. Elle a donc plusieurs analyses et chimiothérapies par semaine, ce qui est très lourd avec un commerce. De plus, ma femme ne parle pas français et donc, je dois toujours l’accompagner. Cela me prenait donc un temps terrible et j’ai donc décidé de ne pas à nouveau renouveler mon bail. J’ai 63 ans donc j’arrive à l’âge où je peux prendre une retraite anticipée. Mais l’opportunité de laisser mon entreprise plus tôt s’est présentée. Et une opportunité comme celle-là, avec une personne qui est prête à racheter tout mon inventaire, elle ne se présente pas tous les jours. C’est pour cela que ça a été aussi vite et rapide, car en trois semaines j’ai remis mon établissement, et je peux maintenant me consacrer à la santé de ma femme. Notre futur ressemble donc à premièrement aller jusqu’à la fin de l’année. Je compte également faire des travaux temporaires, comme par exemple à la Fête Fédérale de la Gymnastique à Lausanne durant le mois de juin. Je vais donc faire cela jusqu’à la fin de l’année, puis je compte utiliser ma caisse de retraite pour que l’on quitte la Suisse avec ma femme. 

Finalement, que retenez-vous de votre expérience à l’Auberge de Suchy ? 

J’ai eu une expérience extraordinaire, de par ma clientèle très fidèle, qui s’est agrandie de jour en jour. Je ne peux que la remercier, car c’est grâce à elle qu’on a tenu tout ce temps, malgré les années Covid. Ce que je n’avais pas réalisé au départ, c’est qu’un village comme Suchy n’est pas sur une route de passage. Il faut donc se battre afin de gagner un certain nombre de clients, pour que l’établissement survive. Jusqu’à ce que l’on trouve la solution idéale, comme les heures d’ouverture ou le nombre d’employés, cela a pris du temps. Cela a été un grand enrichissement pour moi de voir qu’il était possible de faire tourner un établissement comme l’auberge communale de Suchy, malgré le mauvais emplacement je dirais. J’en retiens donc beaucoup d’aspects positifs, mais cela a engagé un investissement presque incalculable, qui fatigue parfois. Ce qui m’a le plus fatigué, c’était vraiment cette double fonction entre proche-aidant et patron d’un commerce pendant plus de deux ans: c’était très pénible ces dernières années. Avant, je n’avais aucun souci puisque ma femme travaillait à mes côtés. Son arrêt a donc soudainement créé un vide. Mais c’était globalement une expérience très enrichissante que de tenir cette auberge ! 

L’Auberge communale change de mains

Après 7 années de passion, de rencontres et d’échanges enrichissants, l’aubergiste de notre commune a pris la décision de cesser son activité. L’aventure aussi  belle que difficile – on pense aux années Covid – prend donc fin avec ce restaurateur attaché aux bons produits régionaux, à la cuisine de qualité, à des plats de chasse inoubliables. La commune lui souhaite bon vent pour la suite et M. Richard remercie les clients du fond de son coeur pour tout ce qu’ils ont pu lui apporter.

L’établissement sera repris dès le samedi 03 Mai 2025 à 10h30 par Madame Isabel Militao, une personne vive, dynamique, passionnée et pleine d’idées. L’auberge ouvrira tous les jours à l’exception du mardi. Les horaires sont étendus, la carte change, les nouveautés seront nombreuses. A l’heure actuelle, la passation du témoin se faisant de manière rapide, plusieurs éléments nouveaux doivent encore se mettre en place et de nouvelles informations seront données ultérieurement, mais on peut déjà remercier les Sécherons et les Sécheronnes d’accueillir avec chaleur et curiosité la nouvelle tenancière et son équipe – par exemple autour d’un apéro ?

Une figure historique des Lumières saluée à Suchy

Fortunato de Felice n’est pas que le nom d’un établissement scolaire yverdonnois. C’est une figure intellectuelle du XVIIIe siècle, qui a édité une colossale encyclopédie à Yverdon, 58 volumes, concurrençant sinon surpassant la fameuse encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Figure de la scène théâtrale vaudoise, le Sécheron Jean-Néville Dubuis lui rend hommage, quelques années après avoir évoqué la figure de Haldimand. Le metteur en scène a co-écrit avec son comparse Joël Fillon un texte évoquant Fortunato de Felice, personnage hyperactif à la vie mouvementée, arrivé à Yverdon après quelques années passées à Berne et avoir fui l’Italie en tant qu’apostat. Alliant projections sur écran et jeu sur scène, la pièce, “Si? Fortunato Si!” met largement Suchy à l’honneur, puisque c’est au bâtiment multi-fonctionnel qu’aura lieu les cinq représentations et qu’elle comprend dans la distribution quatre autres Sécherons: Géraldine Dubuis, Néville Dubuis, Najat Kissling et Thierry Herman. Ils sont épaulés par une troupe alliant comédiens professionnels et amateurs et mis en lumière par un autre Sécheron à la régie : Paulo Filipe. Le spectacle allie en 90 minutes divertissement et découverte de la vie culturelle, économique et sociale d’Yverdon lors du siècle des Lumières.

Les représentations ont lieu les vendredi 28 mars et 4 avril, les samedi 29 mars et 5 avril (toujours à 20h30) et le dimanche 30 mars à 17h00. L’ouverture des portes a lieu une heure plus tôt avec l’ouverture d’un bar et une offre de petite restauration. Le prix des billets est de 15 francs pour les enfants jusqu’à 16 ans, de 25 francs pour les étudiants, bénéficiaires de l’AI et de l’AVS et de 30 francs en plein tarif.

Journées de la Forêt – Suchy

Les journées de la Forêt auront lieu les 22 et 23 juin 2024 dans les bois de Suchy.

Au programme :

Un parcours balisé de 2.8 km au travers de la forêt.
25 stands organisés par des professionnels de la forêt, axés sur la biodiversité, le changement climatique, l’utilisation de la ressource du bois , la faune et bien d’autres.
Démonstrations de technique d’abattage mécanisé et traditionnel.

Horaire: de 9h00 à 17h00
Stand de restauration : de 11h00 à 19h00

Tarif : entrée gratuite

Encore plus de détails en suivant le lien ci-dessous:

https://journeesdelaforet.federationtriages-vd.ch/

Une grosse boîte à idées

Sous l’égide des municipaux Jocelyn Bussy et Alexandre Muriset, la soirée dévolue aux réflexions sur le plan énergie et climat, pilotée de main de maître par Dominique Bollinger, ingénieur en environnement, s’est déroulée le 2 mai en compagnie de plus de 40 Sécherons, un joli succès! Loin de devoir adopter une attitude passive à l’écoute d’un conférencier,  toutes ces personnes ont été mises à contribution dans deux ateliers. Le premier visait à peupler une immense fresque représentant un village dans son environnement de Post-it illustrant des souhaits et des projets pour l’avenir de Suchy.

Le second, un World’s Café, était organisé en huit grandes tablées ciblées sur un thème : l’eau, la consommation des objets, l’énergie, etc. Un animateur ou une animatrice exposait la problématique, tandis que les personnes ayant choisi ou hérité de la table devait dans un premier temps, écrire des idées sur des Post-it représentant les contraintes, les souhaits, les opportunités et les principes sur chacune des thématiques. Dans un second temps, les groupes étaient mélangés et devaient compléter les idées posées sur les tables avant qu’une synthèse faite par les animateurs ne résume le tout.

Stimulante, cette soirée a été l’occasion de déployer utopies, visions idéalistes, mais aussi projets concrets, idées à creuser. Le syndic a remercié l’assemblée de lui avoir donné autant d’années de travail et étudiera avec la municipalité l’ensemble des propositions pour donner une suite à cet immense remue-méninges apprécié par les personnes qui avaient fait le déplacement.